Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

France-Maroc : Paris laisse entrevoir une évolution de sa position sur le Sahara occidental

C’est sous la pluie que s’est poursuivi, à Rabat, le lent réchauffement des relations franco-marocaines. Arrivé la veille pour sa première visite dans un pays du Maghreb, le ministre des affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, a échangé lundi 26 février au matin avec son homologue marocain, Nasser Bourita, avant que les deux ne s’expriment lors d’un point de presse conjoint. Cela faisait plus d’un an que les diplomaties française et marocaine ne s’étaient pas livrées à l’exercice, le dernier en date remontant à décembre 2022, quand Catherine Colonna occupait le Quai d’Orsay.
Bien qu’il symbolise la réconciliation en cours entre Paris et Rabat – à la suite du déjeuner qui a réuni Brigitte Macron et les trois sœurs du roi Mohammed VI à l’Elysée le 19 février –, le déplacement de M. Séjourné a quelque peu déçu les commentateurs marocains, qui espéraient des annonces concrètes, notamment au sujet de la position française dans le dossier du Sahara occidental. Après que l’ambassadeur français dans le royaume a souligné il y a plusieurs jours le besoin de « clarifier ce sujet », un engagement de la France plus favorable au Maroc était pressenti, le groupe d’amitié Maroc-France à Rabat qualifiant cette avancée de « nécessaire » pour que Paris conserve son statut de partenaire privilégié.
Mais le pas en avant n’a pas eu lieu. S’il a indiqué en avoir parlé avec M. Bourita, le ministre français des affaires étrangères s’est borné à souligner que « le Maroc peut compter sur le soutien clair et constant de la France » au plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007. Un simple rappel de la ligne politique défendue par la diplomatie française depuis plus de quinze ans.
Sans introduire un changement significatif sur le fond, les déclarations du ministre français n’en sont pas moins nouvelles sur la forme. Elles marquent une évolution des éléments de langage empruntés par le Quai d’Orsay au sujet du Sahara occidental. « La France le sait, a affirmé M. Séjourné, la question du Sahara est existentielle pour le Maroc. » C’est la première fois qu’un ministre français des affaires étrangères reconnaît publiquement la très forte sensibilité du lien qui unit le royaume au devenir de ce territoire en litige, où s’opposent depuis 1975 le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. « Nous l’avons dit et je le redis aujourd’hui peut-être avec plus de force : il est désormais temps d’avancer. J’y veillerai personnellement », a-t-il ajouté. Sa référence aux « dispositions du Conseil de sécurité des Nations unies » – qui continuent de prévoir l’« autodétermination du peuple du Sahara occidental » – a toutefois borné la marge de manœuvre que revendique la France sur le sujet.
Il vous reste 49.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish